LA TAPISSERIE' ÉTRANGÈRE AD XVIII° SIÈCLE         403
bordure, un cadre doré, suivant la mode du temps. Les lettres P. E. B. enlacées se lisent dans un écusson.
ANGLETERRE
A quelques efforts isolés et sans suite se bornent les essais faits au xviii0 siècle pour rétablir la belle industrie qui avait illustré l'atelier de Mortlake et le nom de son directeur, sir Francis Crane.
S'oho. — Une collection de paysages montagneux, animés de groupes de paysans, d'après des cartons de Francesco Zuccherelli, décorant une vaste salle du palais de Northumberland, serait l'œuvre d'un atelier établi à Soho en 1758.
Londres. — M:. Dautzenberg a relevé sur une tenture de quatre pièces, à sujets orientaux, exécutées sur des cartons de Leprince, la signature : P. Saunders, London ; ce qui donne à supposer que ce Saunders était le chef d'une fabrique établie à Londres durant la seconde moitié du xviii0 siècle.
Fulham et Exeter. — Plus importante, sinon plus durable, pa­raît avoir été la tentative du Père Norbert, ce capucin nomade qui nous a laissé, dans une sorte d'autobiographie, le récit de sa bizarre odyssée. Vers 1750, il se fixe à Fulham, fait venir des tapissiers de France, en particulier cles Gobelins, et crée un établissement qui compta pendant quelque temps jusqu'à cent ouvriers. Mais la mauvaise gestion et l'inexpérience du directeur le plongèrent dans de grands embarras. Il dut prendre la fuite. Un autre Français, nommé Passavant, recueillit sa succession et transporta l'atelier dans la ville d'Exeter, sans parvenir à le relever.
La manufacture de Fulham et d'Exeter fabriquait certainement des tapis de pied, genre Savonnerie. Certaines personnes doutent qu'elle ait produit des tapisseries de murailles. La preuve catégo­rique de ce fait nous paraît cependant ressortir de l'arrivée des ouvriers des Gobelins, car on sait que dans la manufacture royale les métiers de haute ou de basse lice n'étaient employés qu'à l'exé­cution des tentures à personnages. Tous les tapis de pied sortaient sans exception de la Savonnerie.